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Libération
Critique

Naguère Japonaises.

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Une famille italienne au Japon, de 1938 à 1945. La romancière Dacia Maraini retrouve l'album cinquante ans après.
publié le 26 juin 2003 à 23h33

Plus qu'un demi-siècle s'est écoulé depuis le voyage et le séjour de sept ans au Japon de Dacia Maraini le Bateau pour Kôbé est le récit émouvant d'un imprévu retour sur soi et les êtres les plus chers dans la terre lointaine qui les a réunis pendant une longue saison. La distance a adouci probablement certaines aspérités ou les métaphores sont venues répandre leur baume apaisant, le fait est que le lecteur se laisse porter au gré d'une navigation des plus captivantes. Le lieu, donc, est le Japon autour de la Seconde Guerre mondiale, où Dacia Maraini a vécu de 1938 à 1945, avec ses parents et ses deux soeurs qui y sont nées. Le temps est celui incommensurable qui sépare une femme à la vie bien accomplie ­ écrivain célèbre en Italie, ancienne compagne d'Alberto Moravia, féministe aux mille combats ­ de l'enfant qu'elle a été. On ne décide pas d'un tel retour, qui remue les vides et les pleins du souvenir, les dits et les non-dits des affects. Le déclic justement a été presque miraculeux, sous forme des quelques cahiers oubliés du journal japonais de la mère de Dacia dont on se demande qui des nombreuses photos ou de la fine écriture encadre l'autre. Le père de Dacia les a retrouvés dans un tiroir de sa maison florentine (le couple est depuis longtemps séparé) et les a donnés à sa fille, certain qu'elle en ferait quelque chose. Les publier tels quels a été la première impulsion. Puis, comme une dévorante machine à remonter le temps, les cahiers n'ont laissé à Dacia Maraini d'a