Tout le monde sait que le chevalier de Mouhy imagina beaucoup, pensa peu et écrivit mal.» Telle fut l'oraison funèbre de Charles de Fieux de Mouhy. Mais ce n'est pas tant pour réhabiliter un oublié du XVIIIe siècle que Patrick Wald Lasowski le ressuscite dans le Traité des Mouches secrètes. Mouhy est là surtout comme un écrivain emblématique de l'ancien régime des lettres, un prétexte pour explorer l'imaginaire du siècle dit des philosophes.
Universitaire et écrivain, Wald Lasowski publie des essais rêveurs et érudits aux titres qui font souvent mouche : Libertines, Syphilis, les Echafauds du romanesque, De la beauté des femmes. Il y guette les «moments d'extase, où un imaginaire se condense dans un objet, se donne à voir et fait parade de lui-même : le livre libertin, la montgolfière, la guillotine, la syphilis, l'anecdote, le pastel, les papillons». Aux grands écrivains, il préfère délibérément les auteurs mineurs : «Je vais du grand au petit, de l'effroi à la séduction. De Crébillon le père à Crébillon le fils. Il s'agit toujours de fomenter des révolutions minuscules, des renversements de perspective. J'aime les auteurs dont les oeuvres affichent leurs faiblesses, Voisenon, Boufflers, Dorat, le chevalier de Mouhy. Petite monnaie de la littérature, ils assurent le passage, la circulation des poses et des figures, et c'est ce type de renversement qui permet de relire les plus grands.» Avec ce nouveau livre, essai rêvé comme une fiction, il donne à lire une histoire de la «m