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Critique

L'Eire du temps

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Sous forme de roman historique à l'ancienne, Joseph O'Connor fait la critique au vitriol de l'Irlande d'aujourd'hui. Rencontre.
publié le 10 juillet 2003 à 23h48

Né en 1963 à Dublin, Joseph O'Connor fait des livres qui racontent l'Irlande d'aujourd'hui. De son tout premier, publié il y a plus de dix ans, le Dernier des Iroquois à Inishowen (Phébus, 2001) en passant par A l'irlandaise (Robert Laffont, 1999) ou Desperados (Phébus, 1998) : cavale dans la culture pop-rock, couples ordinaires qui se défont, fils qui se font la malle. On est plus dans l'Irlande de U2 que dans celle des vertes vallées enchanteresses ou des Gens de Dublin de Joyce. En finir avec le lyrisme pastoral, le romantisme patriotique, parler d'une Irlande moins historique et plus laïque, c'était comme si la génération de Joseph O'Connor criait àÊl'unisson : «Yeats est mort !» ­ titre original de Meurtres exquis (Robert Laffont, 2002), polar écrit à quinze à partir d'une idée d'O'Connor. Et l'auteur irlandais de rendre hommage à Roddy Doyle, l'auteur de la Trilogie de Barrytown (Robert Laffont, 1996) : «Nous avons été toute une génération d'écrivains à s'être sentie décomplexée en lisant ses romans. On a eu l'impression qu'on allait enfin pouvoir se décharger du poids de la tradition.» Alors, quand Joseph O'Connor, chroniqueur à Esquire, sort un roman qui se déroule en 1847, à l'époque où la famine sévit en Irlande, il y a de quoi tomber des nues. L'Etoile des mers, nom du navire et du roman qui nous font traverser l'Atlantique jusqu'à New York, a, ironie suprême, pour sous-titre Adieu à la vieille Irlande. L'auteur va jouer de cette ironie avec délectation tout au lo