Menu
Libération
Critique

Avec vue sur la mort.

Article réservé aux abonnés
Dans le roman de Philippe Besson, les défunts comme les vivants parlent d'amour.
publié le 28 août 2003 à 0h44

Philippe Besson est un garçon chanceux, quatre romans en trois ans de carrière sans le moindre faux pas, le premier gagne un prix, le deuxième un film, le troisième un prix et le quatrième un compliment : Un garçon d'Italie est un livre irréprochable. Ses romans sont traduits en une demi-douzaine de langues, ils se vendent bien et l'auteur (qu'on aurait pu connaître puisqu'il fut quelques courtes semaines directeur du personnel de Libération) laisse partout où il passe un souvenir de sympathie. Normalement, il ne devrait pas tarder à agacer. La prochaine fois peut-être, car, décidément, son Garçon d'Italie est inattaquable, on a beau le tourner en tous sens, pas le moindre défaut de fabrication.

Voyons de plus près : le livre se divise en quatre parties inégales (en longueur, pas en qualité) introduites chacune par une épigraphe empruntée chacune au Métier de vivre de Pavese, ça aussi, c'est un métier. Trois narrateurs, qui sont les personnages principaux, se relaient sans grand désordre pour dire une histoire, une vraie histoire, avec un début, une fin, et un mystère qu'il faudra bien éclaircir d'ici là. Deux hommes, une femme, deux vivants, un mort. Les vivants ne savent pas de quoi le mort est mort. Mort violente. Ils en portent un deuil différent. Ils s'appellent Luca, Léo et Anna. Florence, en Toscane, la première page est la seule à échapper à l'un des narrateurs, c'est comme au théâtre lorsque le rideau s'ouvre sur le décor vide et qu'on doit bien se faire une idée en