Si VUP ne va pas assez vite à Lagardère, Lagardère pourrait-il s'en lasser ? Un an, ou presque, qu'on conjecture sur le rachat du premier groupe éditorial français par le second, et voilà que les cartes sembleraient à nouveau susceptibles d'être battues et redistribuées. Arnaud, le fils, découragé par les réticences de Bruxelles à l'égard de cette opération qui ferait de Hachette le cinquième éditeur du monde, méditerait de renoncer à la bataille dans laquelle Jean-Luc, le père, avait investi ses dernières forces. A moins, évidemment, que cette rumeur, engendrée par l'été, ne soit elle-même qu'une tentative d'intoxication lancée par l'entourage de Lagardère pour désarmer les oppositions à la fusion.
La seule certitude estivale concerne la circonspection de la Commission européenne face à ce dossier qui a enflammé la profession et suscité l'opposition déclarée du Syndicat de la librairie française, d'une part, et, d'autre part, de trois grands éditeurs eux-mêmes ex-candidats malheureux au rachat de Vivendi Universal Publishing : Gallimard, le Seuil et la Martinière. Selon les chiffres évoqués dans la revue Esprit (dont le numéro de juin est digne de faire référence sur le sujet), le rapprochement de VUP et de Hachette aboutirait à la constitution d'un groupe représentant à lui seul plus de 40 % du chiffre d'affaires de l'édition (dont 85 % de l'édition scolaire, 90 % des dictionnaires et près de 55 % de l'édition en format poche) et distribuant 60 à 70 % æde la production de