Menu
Libération

Ce pékin de Balzac

Article réservé aux abonnés
publié le 11 septembre 2003 à 0h57

Les Chinois ne sont pas tendres vis-à-vis des exilés qui réussissent à l'étranger. Dai Sijie, l'écrivain et cinéaste chinois installé à Paris, et son best-seller Balzac et la petite tailleuse chinoise, viennent d'en faire l'expérience à l'occasion de la sortie du roman en Chine. Le reproche principal fait à l'auteur, que l'on retrouve de manière étonnante dans la postface du livre rédigée par son traducteur, Zhong Xian, est d'avoir «flatté l'amour-propre des Français» en mettant en vedette Balzac, crédité d'avoir changé le coeur et la vie d'une petite paysanne, et d'avoir simplifié à outrance la Révolution culturelle. Sur l'Internet chinois, un détracteur qualifie même Dai Sijie d'«escroc chinois ayant roulé les Gaulois». Dans la revue intellectuelle Du Shu, un critique accuse l'écrivain d'avoir satisfait «le voyeurisme occidental» vis-à-vis de la Chine. Autrefois, cette vague d'attaques serait restée sans réponse : les temps changent, et Dai Sijie a eu la possibilité de répondre à ses détracteurs dans de longues interviews. Dans le Quotidien de la jeunesse de Pékin, il explique que la Révolution culturelle n'est que le décor de son histoire et qu'il n'a pas cherché à en montrer les horreurs ni à l'expliquer. Il réaffirme son idée selon laquelle l'amour d'un livre peut changer un destin. Et il défend son attachement à la France : «Il n'y a rien de mal ou de honteux à aimer la culture française. Au moins, je n'aime pas un pays qui fait la guerre tous les deux jours. Il n'est