Avraham B. Yehoshua fait partie de la sainte trilogie de la littérature israélienne contemporaine, avec Amos Oz et David Grossman. Tous trois écrivent romans et essais. Tous trois sont des best-sellers, couronnés par des prix prestigieux, et sont connus à l'étranger. Tous trois, surtout, incarnent les parangons de l'engagement dans le débat public. A gauche, dans l'acception israélienne : le camp de la paix. C'est ainsi que l'un ou l'autre, au cours de la dernière Intifada, ont participé à des manifestations en faveur des Palestiniens, aidant, à l'occasion, des paysans des Territoires à la cueillette d'olives contre les agressions de colons...
Image idyllique certes, mais vraie. S'il venait l'envie aux jurés du prix Nobel d'attribuer leur distinction à la littérature israélienne (on n'ose y croire par les temps qui courent), il faudrait la leur donner en bloc, comme ils le firent en 1966 pour Shmuel Agnon et Nelly Sachs. Tous trois symbolisent l'ikhpatnik, le «concerné», auquel nul problème moral, politique, social ne saurait échapper. D'autres, Etgar Keret, Orly Castel-Blum, Zérouya Shalev ou Yehoshua Kenaz (1), préfèrent une littérature plus intime, plus soucieuse des «intermittences du coeur» (et, parfois, du sexe), ces trois-là campent sur leurs positions de veilleurs dans la nuit. Vieux modèle, au demeurant, de la littérature hébraïque moderne : l'écrivain a remplacé le prophète et évincé le rabbin. Outre ses livres, il écrit des tribunes dans les journaux, multiplie con