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Libération
Interview

Lignes de démarcation

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Pour Avraham Yehoshua, en abolissant les frontières en 1967, Israël a trahi l’essence du sionisme.
publié le 11 septembre 2003 à 0h56

« J’ai dit des choses très dures sur l’Intifada et Arafat, dans un journal arabe. Ils me croient, parceque je les tiens pour des partenaires égaux.»

Votre «Mariée» est complexe, vous mêlez des récits très intimes, parfois audacieux, comme l’inceste, à la connaissance du monde et de la culture arabes.

Si je devais donner un titre résumant ce livre, ce serait «Frontières». Frontières dans les relations entre parents et enfants, entre époux et épouse, entre maître et disciple, et, bien sûr, frontières entre Juifs et Arabes d'Israël et entre la réalité israélienne et celle des Territoires palestiniens.

Quand j'ai entrepris ce livre, en 1998, nous avions alors l'impression que le conflit israélo-palestinien s'engageait sur la voie de la réconciliation, avec certes ses aléas, mais que nous nous acheminions vers une solution, connue plus ou moins de tous : deux Etats sur la base des frontières de 1967. Je me posais donc cette question : qu'adviendra-t-il après cette solution ? Et, en particulier, quelle serait l'identité des Palestiniens d'Israël entre ces deux entités ? Ce nouveau système de frontières politiques et identitaires m'attirait. Avec, en son centre, l'histoire familiale entre l'orientaliste Rivline et son fils. Le défi principal était de voir comment ces deux récits s'intégreraient dans une véritable intrigue, et non comme une métaphore. Comment le motif intime se mêlerait à la recherche intellectuelle, professionnelle du professeur Rivline. J'ai toujours voulu regarder l