On déplore souvent l'omniprésence de l'Etat dans les relations entre Français, la faiblesse de la négociation collective et du paritarisme. Ces deux premiers livres d'historiens montrent que c'est une mauvaise façon de prendre le problème.
Claire Lemercier explique que la Révolution française a fait table rase des groupements professionnels, transformant la France en une société d'individus. Cette doctrine libérale engendre un paradoxe : une sollicitation permanente de l'Etat pour résoudre les problèmes de régulation inédits de la vie en commun. Exercice périlleux. L'Etat est amené à recréer les chambres de commerce. Celle de Paris, émanation de banquiers, commerçants et industriels, devient ainsi un conseil de l'Etat dominé, lui, par des hommes formés au droit public pour trancher des matières aussi délicates que la création des chemins de fer, la spéculation boursière ou le travail des enfants. Elle lui fournit aussi un type d'information économique dont il est fort dépourvu. Naît ainsi un modèle français d'expertise collégiale. Enfin, la chambre devient un fournisseur de services à une partie de ses mandants : les commerçants.
Alain Chatriot se place plus d'un siècle plus tard. Il explique comment, une fois le premier carcan libéral un peu desserré, l'Etat répond à la floraison de syndicats et d'associations en leur accordant, à la suite du choc de la guerre mondiale, un organe central pour représenter la société : le Conseil national économique. Ce Conseil offre à l'Et