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Libération
Critique

Le cher confesseur Ghislain de Diesbach. L'Abbé Mugnier, le confesseur du Tout-Paris

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publié le 18 septembre 2003 à 1h02

Avec Amiel, Samuel Pepys et Paul Léautaud, l'abbé Mugnier, qui se prénommait Arthur, est un des plus fameux diaristes qui soit. Son Journal, qui couvre les années 1879-1939, a été publié au Mercure de France en 1985 ­ du moins, des extraits. Dans sa biographie du cher confesseur, Ghislain de Diesbach s'appuie pour une grande part sur le versant inédit. Inédit, par exemple, ce souvenir du séminaire, quand l'abbé n'avait pas 20 ans : «J'ai horriblement souffert (la phrase est soulignée). La souffrance, je ne l'avouais peut-être pas trop à moi-même, mais elle était là, pourtant, forte, âpre, inextinguible, me poursuivant partout dans les bois de Meudon où nous allions en promenade, sur les chemins d'Issy, dans le parc du séminaire, surtout dans ma pauvre cellule où le froid me glaçait et le corps et l'âme. Oui, j'ai horriblement souffert...» Dans cette adolescence désolée, l'abbé puisa sans doute ce défaut que sa hiérarchie allait lui reprocher sa vie durant : il était humain. L'abbé avait la foi, mais pas la vocation. Il préférait les mécréants aux hypocrites. Son titre de gloire est d'avoir «ouvert à Huysmans les portes du Ciel, tandis que l'écrivain lui ouvrira celles de la Littérature». La littérature est la vraie religion de l'abbé Mugnier. Il aurait voulu être un écrivain célèbre, comme Chateaubriand, et laisse une oeuvre sans le savoir. Comme il n'a pas d'épouse, il a des nièces, comme la princesse Marthe Bibesco, l'auteur de Catherine Paris, à qui Ghislain de Diesbach a