Berlin de notre correspondante
Cela doit être une hallucination. Une centaine de personnes montent l'escalier en bois vermoulu qui mène dans une immense salle du XIXe siècle, aux plafonds écaillés. Une vieille fabrique dans le vieux quartier juif de Berlin. Un lieu magique, historique. Sur l'estrade où Rosa Luxembourg a prononcé certains de ses discours, les poètes défilent. Irlandais, américain, marocain, irakien, russe... Ko On, 70 ans, enfermé à plusieurs reprises pour ses positions politiques en faveur de la démocratie, lit ses poèmes en coréen avec des mimiques de samouraï. Moins expansif, son traducteur allemand fait grise mine. Ko On lui tape sur l'épaule pour l'encourager. Le public, plutôt jeune, est subjugué. Cette nuit de la poésie n'est que l'une des manifestations prévues dans le cadre du 3e Festival international de littérature de Berlin. Jusqu'au 21 septembre, quelque 150 écrivains du monde entier, parmi lesquels les prix Nobel Günter Grass et Imre Kertész, ou les poids lourds comme Martin Walser et Jonathan Franzen sont invités à lire des extraits de leurs oeuvres en version originale. Les théâtres, les bibliothèques, les librairies, les musées, les instituts culturels... une vingtaine de lieux ont été réquisitionnés pour cette manifestation qui n'a pas d'équivalent en France.
«Nous avons essayé d'institutionnaliser les lectures, mais cela ne marche pas, explique-t-on chez Gallimard. Les lecteurs aiment autant voir les écrivains parler à la télé comme chez Bern