Laure Murat, auteur d'un essai sur la Maison du docteur Blanche (JC Lattès), change de siècle et mène ses pas vers «Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-deux-guerres». Sylvia Beach, la libraire de Shakespeare and Company, a été la première éditrice d'Ulysse de James Joyce, en 1922, et la correspondante à Paris des meilleurs écrivains de langue anglaise. Adrienne Monnier, la libraire de La Maison des Amis des Livres, a publié la traduction française dudit Ulysse. Elle a fait bien d'autres choses, que Laure Murat raconte. Sylvia Beach et elle ont oeuvré, se ruinant à l'occasion, pour que les écrivains qu'elles aimaient existent.
Une dédicace de Montherlant datée de 1920 dit ce que les jeunes gens devaient à La Maison des Amis des Livres : «A Mademoiselle Adrienne Monnier, par qui seule j'ai connu ce qu'il y a d'existant dans la littérature contemporaine.» Chez elle, qui proposait tout le catalogue du Mercure et de la NRF, on venait entendre ou apercevoir Paul Valéry, Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue. Tous les âges étaient représentés : Paul Claudel et Henri Michaux, plus tard Violette Leduc. Toutes les opinions : le futur collaborateur Jacques Benoist-Méchin et le futur résistant Jean Prévost. Quant à Sylvia Beach, Laure Murat cite Malcolm Cowley, l'influent homme de lettres américain, bien sûr passé par Paris ces années-là, qui naviguait entre le Dôme et Shakespeare and Company : «Les boissons interdites dans le premier, les livres interdits