Il y a une phrase impayable dans le testament d'Edmond de Goncourt, texte beau et émouvant au demeurant, pour un type aussi antipathique, par lequel il institue la société littéraire et le prix qui portent son nom. Cette phrase, qu'on est toujours content de citer, dit : «Mon voeu suprême, voeu que je prie les jeunes académiciens futurs d'avoir présent à la mémoire, c'est que le prix soit donné à la jeunesse, à l'originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme.» Quelques décennies plus tard, écrit Olivier Boura dans son livre sur le centenaire, «le Goncourt, c'est le triomphe de la Marquise qui sortit à cinq heures».
Le prix Goncourt a-t-il connu une période de fonctionnement normal à partir de quoi les jurés ont commencé à se laisser aller ? Même pas. En 1903, le premier lauréat, John-Antoine Nau (Force ennemie), a 43 ans. Censé aider un écrivain à vivre de sa plume, le prix récompense en 1911 Alphonse de
Dès l'origine, il a été préférable d'être