Menu
Libération
Interview

«Le port du voile doit être considéré comme un acte de maltraitance»

Article réservé aux abonnés
L'écrivaine Chahdortt Djavann à la commission Stasi:
publié le 22 septembre 2003 à 1h05

Chahdortt Djavann avait raison d'avoir le trac. L'audition de cette jeune Franco-Iranienne auteure de Bas les voiles ! (1), vendredi, par la commission sur la laïcité présidée par Bernard Stasi, a provoqué un mini-scandale. Sa demande que «le port du voile par les mineures soit considéré comme un acte de maltraitance physique, psychique, sociale et sexuelle» a suscité de l'agressivité, un rien de condescendance, et guère d'intérêt parmi les membres de cette instance.

Vendredi, Chahdortt Djavann, qui a dû porter le tchador pendant dix ans avant de fuir l'Iran des mollahs en 1993, était venue interpeller la commission sur la cause des mineures voilées. Pas les fillettes iraniennes ou afghanes, mais celles qui vivent dans des pays développés. Comme ces gamines en poussette et portant le voile que l'on rencontre au rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France au Bourget.

«Nubile». «Quand on voile une petite fille, on lui inculque la culpabilité de sa sexualité féminine. On lui dit que ses cheveux et les formes de son corps peuvent à tout moment faire perdre le contrôle de soi aux hommes», a plaidé Chahdortt Djavann. Dans le même temps, et alors qu'on prétend protéger cette enfant, on la désigne en réalité comme «nubile». «On la met sur le marché du sexe et du mariage.» «Je demande qu'au moins dans les pays démocratiques, le port du voile par les mineures soit sanctionné. Cela relève des droits de l'homme, de la protection des mineurs.»