Une infirmière n'est pas censée détenir tout le savoir du monde, et pourtant, c'est à elle qu'on pose les questions de vie et de mort. Une infirmière est aux premières loges du théâtre le plus intime, les acteurs du drame voudraient bien l'embarquer dans leur jeu, en sachant pertinemment que ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'on peut faire, et comment ne pas se laisser dévorer ? Et est-ce que ce n'est pas l'heure d'aller chercher les enfants à l'école ? Des gens du monde met en scène une relation très compliquée avec une splendide santé intellectuelle et morale, une simplicité qui se reconnaît une dette envers la sagesse populaire ­ sagesse féminine, aussi.

Cela se passe du côté de La Rochelle, autour d'une bourgade dont les promoteurs ont redessiné la toponymie, d'un côté le Vieux Nieul, de l'autre les cités. On est à l'intérieur des terres, mais la mer est présente. Les mains des travailleurs de la mer et de la terre sont rugueuses, tailladées, noires, sous les doigts de l'infirmière. Sauf dans le cas de Mme Jeanjean : lorsque l'exploitation agricole s'est transformée en entreprise, la paysanne a récupéré des paumes de jeune fille. La conjoncture s'est chargée de redessiner les lignes de force et de fracture. Le chômage agit comme un virus sans vaccin, désastre sanitaire, et «il n'y a pas dans ma sacoche de quoi remédier à une crise familiale, moins encore à une crise économique». La sacoche de la visiteuse est une boîte à outils rudimentaire. Avec des instruments, des méd