Jusqu'à quel point faut-il défendre la famille ? Quoi penser de la souffrance des enfants ? Ce sont deux questions qu'on retrouve sous une forme ou une autre dans tous les livres de Rick Moody traduits, Purple America et Démonologie (tous deux chez Rivages), et plus explicitement encore dans Tempête de glace, qui paraît en France après mais qui est antérieur aux deux livres cités (il est paru aux Etats-Unis en 1994 et avait déjà été traduit à l'occasion de la sortie du film The Ice Storm, titre original du roman, d'Ang Lee avec Sigourney Weaver, en 1998, mais pas intégralement). Dans le dernier tome de sa Correspondance à laquelle était consacrée la chronique de jeudi dernier, Dostoïevski écrit, à propos des Frères Karamazov : «Mon héros prend un thème de mon point de vue irréfutable : l'absurdité de la souffrance des enfants, et il en vient à la conclusion de l'absurdité de toute la réalité historique.» Puis, à propos du Journal de Varsovie qu'on lui a envoyé et qui lui déplaît et d'un fait-divers de l'époque : «On tourne en dérision l'idée d'une Société pour la protection de l'enfance. Défendre les enfants martyrs signifie, selon eux, détruire la famille. Quelle absurdité ! Mais une famille où les parents couvrent une petite de 4 ans de merde, lui font manger de la merde et, par une nuit glaciale, l'enferment dans les cabinets, en quoi une famille de ce genre est-elle sacrée, en quoi n'est-elle pas déjà détruite ?»
Jusqu'à quel point faut-il défendre la famille ? Faut-il qu