Le nom devrait d'abord évoquer des souvenirs à ceux qui ont vécu mai 1968. Tariq Ali fut l'une des figures du mouvement en Angleterre, immortalisé par la chanson Street Fighting Man des Rolling Stones. L'écrivain pakistanais, qui fut un des premiers à éditer Sartre en anglais, est un intellectuel «à l'ancienne», de gauche et arabe de surcroît ce qui ne court pas les rues au Royaume-Uni. Un homme de convictions, «fidèle à ses rêves de jeunesse», dit de lui la poétesse anglaise Susanna Maguire. Un homme d'idées, directeur de la New Left Review (1) et de la maison d'édition Verso, bastions de résistance situationniste. Un homme d'action enfin, que l'on a vu l'année dernière haranguer la foule lors des manifestations anti-Blair, ou provoquer des remous sur la BBC. Son dernier livre (Bush in Babylon) évoque le poète irakien Saadi Youssef, son compagnon d'exil. Ali a dû quitter le Pakistan adolescent pour trouver refuge en Europe. Il se dit toujours hanté par un même cauchemar : il est un Peau-Rouge, poursuivi par ces Yankees «qu'il voyait toujours triompher, enfant, dans les westerns». Et se souvient de ses années de vaches maigres, lorsque ses amis de la gauche radicale se convertissaient peu à peu au New Labour. Ali aurait pourtant aujourd'hui de quoi se réjouir : avec une oeuvre prolifique (cinq romans et de nombreux essais traduits à travers le monde), il est désormais un auteur phare de la diaspora arabe en Occident (2). Un passeur entre deux cultures. Son oeuvre littérair
Interview
Tarik Ali, recto Verso.
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par Yann PERREAU
publié le 25 septembre 2003 à 1h07
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