Dans les références de l'ouvrage, on serait tenté d'ajouter «traduit de l'allemand» tant l'auteur fait référence à Thomas Bernhard. D'abord, le titre, Défaut d'origine, presque un non-titre, un sous-titre, un aveu de quelque chose qui serait en deçà du modèle, l'Origine, le livre de l'écrivain autrichien. A la fin, la pirouette qui consiste à admettre l'emprunt direct en manière d'hommage. Entre, Rohe ne cesse de jouer du style du maître : écriture circulaire, soliloque logorrhéique, réduplications, parenthèses, battologie, circonlocution. Il y a également moult similitude entre la mordante misanthropie de l'auteur d'Extinction et l'ironie du narrateur de Rohe ou plutôt celle de Roman, l'ami que le narrateur va rejoindre dans leur pays natal. A noter que le nom de cet alter ego, Roman, dût-il se prononcer à la façon slave, est sans doute une homonymie volontaire qui désigne également le genre littéraire. Roman (nom propre), c'est l'ami perdu qu'on tente de retrouver, roman (nom commun) la voix qu'on cherche et qui parle à sa place.
Critique
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par Sean James ROSE
publié le 9 octobre 2003 à 1h18
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