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Libération
Critique

D'où suis-je ?

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Une quête d'identité ironique et sincère, sous l'ombre revendiquée de Thomas Bernhard. Premier roman.
publié le 9 octobre 2003 à 1h18

Dans les références de l'ouvrage, on serait tenté d'ajouter «traduit de l'allemand» tant l'auteur fait référence à Thomas Bernhard. D'abord, le titre, Défaut d'origine, presque un non-titre, un sous-titre, un aveu de quelque chose qui serait en deçà du modèle, l'Origine, le livre de l'écrivain autrichien. A la fin, la pirouette qui consiste à admettre l'emprunt direct en manière d'hommage. Entre, Rohe ne cesse de jouer du style du maître : écriture circulaire, soliloque logorrhéique, réduplications, parenthèses, battologie, circonlocution. Il y a également moult similitude entre la mordante misanthropie de l'auteur d'Extinction et l'ironie du narrateur de Rohe ou plutôt celle de Roman, l'ami que le narrateur va rejoindre dans leur pays natal. A noter que le nom de cet alter ego, Roman, dût-il se prononcer à la façon slave, est sans doute une homonymie volontaire qui désigne également le genre littéraire. Roman (nom propre), c'est l'ami perdu qu'on tente de retrouver, roman (nom commun) la voix qu'on cherche et qui parle à sa place.

Mais réduire Défaut d'origine à un pastiche serait injuste. Si Oliver Rohe n'hésite pas à prendre le masque, imiter le rictus de Bernhard, il n'a pas fait que ciseler une belle coquille. Force est de constater qu'elle n'est pas vide. Le temps d'un voyage en avion, retour vers le pays d'origine honni, jusqu'alors oublié, le narrateur «raconte» l'ami qui l'attend là-bas. En rapportant ses propos, il traite de l'identité. Identité par rapport à