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Libération
Critique

George profonde.

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Meurtre sur l'île de Guernesey, sous la plume de la plus anglophile des auteurs américaines de polars.
publié le 9 octobre 2003 à 1h19

Vers la fin des années trente, quelques romanciers anglais, pris dans l'américanophilie, se lancent à corps perdu dans la confection de faux romans noirs du genre Black Mask. Ils seront bientôt la providence d'une Europe privée de littérature américaine et connaissent un succès immense. Peter Cheyney et James Hadley Chase inondent le marché de leur production, rapidement imités sur le sol français par des auteurs souvent talentueux. Vingt ans plus tard, la fiction US ayant repris du poil de la bête, le thriller formaté règne en maître. Pendant ce temps, dans l'Ohio, une adolescente s'éprend du lord Peter de Dorothy Sayers et des héroïnes londoniennes surexcitées de Margery Allingham, champions du Dectective Novel anglais.

Elizabeth George peaufinera longtemps son rêve, et ce n'est qu'en 1984 qu'elle entame la rédaction d'un premier livre. Entre-temps, elle a étudié la littérature anglaise et elle l'enseigne même dans une université californienne. Son intention est alors bien arrêtée : ses personnages seront cent pour cent anglais et ses intrigues conformes à la tradition de ses idoles. Enquête dans le brouillard paraît en 1988 et reçoit aussitôt un accueil enthousiaste de la critique américaine. Il n'en va pas de même de l'autre côté de l'Atlantique où le livre paraît accompagné d'une tapageuse publicité comparant Miss George à P.D. James et à Ruth Rendell. Cette dernière s'en prendra méchamment à celle qui non seulement s'en vient piétiner ses plates-bandes mais qui a le tou