«La guerre remet chaque sexe à sa place», affirmait en 1984 Michelle Perrot. Le renouvellement de l'historiographie sur la guerre et l'enrichissement des travaux sur la différence des sexes permettent aujourd'hui d'affiner ce constat. Pour ce, les auteurs interrogent le concept d'identité, dont ils rappellent la genèse, la «sophistication» et la diversification, du collectif identité nationale au catégoriel identité ouvrière à l'individuel identité masculine et féminine, qui ne recouvre pas le concept de genre. Si celui-ci a permis d'«affirmer que masculin et féminin sont indissociables parce qu'ils forment socialement système», il n'a pas saisi «comment et pourquoi [on se sent] appartenir au féminin et au masculin», comment «se dessine l'image de soi». Interviennent dans ce devenir et sentir femme ou homme, les stéréotypes, les assignations, la situation réelle des individus, le rôle imaginaire choisi ou imposé, la place ainsi attribuée dans «l'élaboration des valeurs et dans le système symbolique du masculin et du féminin». Face au modèle identitaire, les degrés d'adhésion, de révolte ou de refus varient.
Ces dernières postures supposent une conscience de genre, laquelle, souligne l'ouvrage, est «tournée vers une transformation des rapports sociaux porteuse de progrès». Les auteurs reprochent à cette définition d'attribuer aux seules femmes une conscience de genre, de renforcer ainsi «une vision du masculin comme classe dominante et du féminin comme classe dominée