New York envoyée spéciale
Archipelago est une nouvelle maison d'édition new-yorkaise qui «a pour objectif de repérer les talents littéraires dans le monde entier et de leur permettre de pénétrer dans la circulation sanguine américaine», dit sa fondatrice, Jill Schoolman. Parmi les premières parutions (en janvier prochain), des classiques et des contemporains : le Bosniaque Miljenko Jergovic, le Français Pierre Michon, la Polonaise Magdalena Tulli, le Chinois Men Hao-jan, beau programme. Sauf qu'Archipelago est atypique, et même totalement à contre-courant aux Etats-Unis puisque, sur 134 000 livres publiés chaque année, on n'y compte pas plus de 300 traductions littéraires (romans et poésie). Et encore, une bonne partie de ces traductions n'est pas publiée chez les éditeurs «commerciaux», mais dans les presses universitaires.
Au moment où s'ouvre à Francfort une Foire du livre qui est le rendez-vous mondial des professionnels de l'édition, un endroit où se rencontrent les cultures et où s'échangent les livres publiés dans le monde entier, il est intéressant de savoir que 50 % des traductions (tous pays compris) se font à partir de l'anglais, et 3 % seulement vers l'anglais. Pourquoi les Américains traduisent-ils si peu ? La première raison, évidente, c'est que l'anglais est la langue de la communication internationale, la langue de la culture américaine qui, rappelle Georges Borchardt, agent littéraire installé à New York depuis cinquante ans, «des boissons gazeuses à la musiqu