Deux ans après le Slip, voici le Revolver, d'Alain Sevestre. Comme si ce slip kangourou-là avait eu une poche revolver, que ce manuscrit-ci en eut dépassé, et qu'après tout, pourquoi ne pas le publier. Comme si le coup de maître (ce slip) avait malencontreusement précédé ce coup d'essai assez réussi (ce revolver). C'est une supposition, nous ne savons pas dans quel ordre ces deux livres ont été écrits, la routine éditoriale voudrait qu'on publie les livres dans l'ordre chronologique de leur écriture, et rien n'indique que cet ordre ne fut pas en l'espèce respecté. Rien excepté un vague flair auquel on se retient de faire confiance, rien sinon que cela nous arrangerait bien tant ce Revolver porte en lui toutes les qualités qui nous ont enchantés dans le Slip, il les porte comme une promesse qu'on tiendra, une gésine certaine, un plan sur une comète attendue. On se serait régalé sans réserve à les lire dans l'ordre inverse. Revolver aurait étonné par sa drôlerie, sa légèreté, son indolence tendue, sa violence picaresque, on se serait repu des clins d'oeil au lecteur, de ces facéties où l'on s'invite à lire par-dessus l'épaule de l'écrivain, on aurait apprécié d'être complice d'un escamotage explicite («Une scène les présente discutant des modalités du voyage», page 107), d'un effet d'annonce amusant («C'est un des plus beaux passages du livre, un des plus agréables à imaginer», page 113).
On aurait essayé de résumer l'histoire, en précisant que ce n'est pas l'histoire qui compt