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Libération

Gaddis, tirez sur le piano

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publié le 16 octobre 2003 à 1h24

Le cinquième et dernier roman de William Gaddis, mort en 1998, semble le fruit de l'étrange rencontre du piano mécanique et de Thomas Bernhard. Né en 1922, Gaddis a publié en 1955 les Reconnaissances (Gallimard), énorme roman qui étudie sous tous les angles le thème de l'authenticité, des peintres faussaires à tous les genres de faux-monnayeurs. En 1975, paraît son deuxième gros roman, JR (Plon), tout en dialogues, où un gamin corrompt tout le système économique américain. A sa parution, Saul Bellow, un an avant de recevoir le Nobel de littérature, écrit : «La renarde d'Esope, fière de sa nombreuse portée, demanda à une lionne combien elle avait de rejetons. Celle-ci lui répondit : "Un seul. Mais c'est un lion." Gaddis a publié deux romans, dont chacun est un lion.» En 1985, Gothique charpentier (Bourgois), qui raconte la vie d'une femme se passant presque toute au téléphone, est moins imposant mais non moins original. En 1994, le Dernier Acte est une sorte de roman juridique fou où, à travers une histoire de plagiat prétendu, se fait entendre toute l'exaspération de l'auteur et de ses personnages obsédés. «L'obsession», dit alors William Gaddis à Libération (voir le numéro du 19 décembre 1998), c'est ce qui le rapproche de Thomas Bernhard. L'écrivain américain disait aussi travailler à un livre «entre fiction et histoire sociale» sur «l'histoire secrète du piano mécanique», thème qui le passionnait depuis des décennies. Agonie d'agapè, paru de façon posthume, est ce livre.

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