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Libération
Critique

Une dose de djinn.

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Tim Powers marie magie, espionnage et guerre froide.
publié le 16 octobre 2003 à 1h24

Il faut une bonne centaine de pages avant de rencontrer un embryon de surnaturel. Jusque-là, sans parfois tout saisir, on lit un roman d'espionnage labyrinthique. Andrew Hale, de père inconnu, a été engagé par les services secrets britanniques à l'âge de sept ans. Ce n'est qu'à presque vingt ans qu'il est activé. Devenu communiste, il se retrouve à Paris, en 1941, avec une jeune espionne d'origine espagnole, dévouée à la cause soviétique, Elena Ceniza-Bendiga. Dans la capitale française occupée par les nazis, il passe ses nuits à émettre des messages radio en direction de Moscou, elle saute d'un rendez-vous secret à l'autre. Se produit un jour la première irruption du magique dans la vie d'Andrew Hale : après avoir fonctionné étrangement, la radio laisse des centaines de petits cercles sur le plancher... «La certitude irrationnelle l'envahit qu'un être de cauchemar descendu des étoiles planait au-dessus de la maison, occultant le ciel.» Pas d'explication du phénomène. Tim Powers distille, joue les va-et-vient entre 1963 ­ le présent ­ et les années 40 et 50, infuse au roman d'espionnage à la Le Carré une dose de djinns.

Des djinns face aux espions de la guerre froide, c'est bien ici la touche Powers. Le lecteur ne les découvre que progressivement, avec Andrew Hale et le deuxième tome. Après Berlin en 1945 et la vision d'une énorme créature tourbillonnante, le héros part pour une mission qui s'avérera sanglante au mont Ararat en 1948. Sur cette montagne mythique, aux confins d