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Libération
Critique

Dits et édits de Rushdie

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Un recueil d'articles et d'essais de l'écrivain le plus menacé du monde, qui a payé pour savoir que le roman n'est pas mort.
publié le 23 octobre 2003 à 1h30

C'est à cause d'un roman, les Versets sataniques, que Salman Rushdie est devenu en 1989 une sorte de mort-vivant, victime d'un appel au meurtre pour blasphème de la part de l'ayatollah Khomeiny. Obligé de se cacher comme un paria pendant plus de dix ans avant que le régime iranien ne décide de surseoir à ses menaces, il a continué pourtant, contre vents et marées, du fond de sa clandestinité, à publier romans et nouvelles, tant cela lui paraissait la meilleure réponse, en tant qu'écrivain, à ceux qui voulaient le faire taire pour toujours. Aujourd'hui, même s'il reste la proie possible d'un fanatique, Salman Rushdie a retrouvé une certaine liberté et reste le défenseur du roman. Son nouveau recueil d'essais s'ouvre par un éloge du genre, contre tous ceux, et non des moindres, tels George Steiner ou V.S. Naipaul, qui annoncent ou prédisent sa disparition. Loin de partager le diagnostic assez répandu d'une crise du roman, Salman Rushdie réaffirme que la littérature a toujours été un art minoritaire, et que ce qui la sauvera, «c'est peut-être la faible technologie requise par l'écriture». Les arts qui requièrent capitaux et technologie comme le cinéma et le disque, explique-t-il, «deviennent en raison de cette dépendance même, faciles à censurer et à contrôler, alors qu'aucun pouvoir ne peut aisément détruire ce qu'un écrivain compose dans la solitude d'une chambre». Rushdie ne cède pas pour autant à la mythologie de l'écrivain martyr, trop de ses confrères «en Algérie, en Chin