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Libération

Goncourt prix d'amis

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Le prix Goncourt, ou cent ans de sollicitude. Enquête sur une exception française au lendemain d'un coup de théâtre.
publié le 23 octobre 2003 à 1h30

Le prix Goncourt s'apprête à fêter son 100e anniversaire. Pour cette occasion exceptionnelle, on s'attendait à un Goncourt exceptionnel. L'académie allait faire un choix symbolique (une femme, une petite maison d'édition, un écrivain novateur...) qui la démarquerait des accusations de pressions et de manipulations qui entourent ses délibérations et ses votes depuis... 1906. Il n'y a pas eu de surprise. L'académie est restée fidèle à sa tradition en désignant, il y a deux jours (Libération du 22 octobre) et avec deux semaines d'avance, son 101e lauréat : Jacques-Pierre Amette, auteur de la Maîtresse de Brecht, édité par Albin Michel (sur les relations Albin/Vivendi, voir p. IX).

Comment le système Goncourt s'est-il mis en place, et comment ce prix est-il devenu le prix le plus célèbre, le plus efficace, et le plus contesté des prix littéraires ? Enquête sur un événement culturel très français.

A quoi sert le Goncourt ?

Il sert à faire vendre, et à faire vendre beaucoup, en donnant un label qualité française à un roman grand public. L'industrie du livre fonctionne de telle manière que, sur dix livres publiés, il n'y en a guère plus d'un qui marche réellement. «Faire un livre ne coûte pas très cher, disons 7 000 euros, explique Jacques Bonnet, éditeur et coordinateur en juin du numéro d'Esprit consacré à l'édition française. Vous en publiez beaucoup et, comme dans le jeu des "petits paquets" où l'on mise de l'argent sur des cartes cachées, vous espérez qu'en retournant une des car