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Libération
Critique

Coeur de Prager

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Pour la Canadienne d'adoption Tecia Werbowski, tous les chemins mènent à l'Est.
publié le 30 octobre 2003 à 1h36

Tecia Werbowski est polonaise. Or elle habite au Canada. Donc tous ses livres passent, tôt ou tard, par Prague, la ville de tous ses désirs. Ce syllogisme littéraire a un soubassement biographique : l'auteur a passé sa jeunesse à Prague où sa mère était en poste, diplomate à l'ambassade de Pologne. En 1968, année où l'antisémitisme sévit particulièrement en Pologne, Tecia quitte son pays et s'installe à Prague. Mais, en août, les chars soviétiques envahissent la Tchécoslovaquie. Elle s'en va vivre au Canada. Et Prague la hante.

Depuis que le bloc de l'Est n'en est plus un, Tecia Werbowski retourne souvent à Prague, s'y attarde comme ses livres, elle y était ces jours-ci, entre deux séjours à Paris où elle accompagne la sortie de son dernier roman, Ich Bin Prager. Le précédent s'appelait Prague, hier et toujours, et celui d'avant encore, Amour anonyme, les trois sont publiés par la maison d'édition canadienne Les Allusifs. Ce texte ne se passe pas à Prague mais suit deux amies qui ont «un lien puissant avec Prague». Auparavant, Tecia Werbowski avait payé son tribut à l'héritage familial juif en écrivant des récits autour de l'Holocauste (traduits chez Actes Sud).

Plus récents, les récits praguois tournent toujours autour d'un secret de famille dont le texte, dans un souffle, caresse le mystère avant de le dénouer. Les personnages n'habitent plus à Prague, mais ils y reviennent, cherchent des repères dans un monde brouillé, les temps s'y télescopent. Prague est un philtre magiqu