Menu
Libération
Critique

Extension de l'aire de la guerre

Article réservé aux abonnés
Vaincre sans livrer bataille ou la stratégie chinoise contemporaine.
publié le 30 octobre 2003 à 1h36

Compte tenu de ses auteurs, deux hauts officiers de l'armée de l'air chinoise, la Guerre hors limites est un document exceptionnel et, conformément à la théorie qu'il énonce, un acte de guerre en bonne et due forme. Sur le plan des idées d'abord, contre l'inadéquation de la pensée militaire actuelle, celle de la Chine évidemment, mais aussi des Etats-Unis, pourtant la seule (et unique) puissance capable, selon Qiao Liang et Wang Xiangsui, de faire la guerre et d'en faire évoluer la philosophie en termes créatifs. Sur le plan des opérations proprement militaires ensuite, c'est un avertissement : la Chine, qui aspire à devenir une puissance mondiale, est en train de bouleverser la doctrine de «sanctuarisation» de son territoire et n'hésitera plus, face à quiconque voudra en endiguer les intérêts, à porter l'affrontement, pour gagner une guerre éventuelle, sur tous les terrains autres que la guerre, sur le modèle de ce que font déjà les Etats-Unis eux-mêmes.

Certes, la Guerre hors limites prête une grande attention à des phénomènes tels que le terrorisme de Ben Laden, les campagnes spéculatives de Georges Soros, (aussi nuisibles pour l'économie et la souveraineté des Etats qu'une guerre, selon les auteurs) ou encore les destructions et dommages produits par les hackers et autres pirates dans les réseaux informatiques, militaires ou civils, privés ou étatiques. Mais, de manière plus fondamentale, cette oeuvre singulière entend illustrer le paradoxe d'un rétrécissement de l'usage