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Libération
Critique

Fantôme de Faye

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Dernier volet du triptyque consacré à l'énigmatique Solange Brillat.
publié le 30 octobre 2003 à 1h36

Il n'y a que de bonnes raisons de disparaître, semble dire Eric Faye depuis qu'il travaille sur le fantôme de Solange Brillat. Une jeune femme perdue de vue, un fait divers lu dans la presse en 1996, et il en a fait trois romans. Les Lumières fossiles (José Corti) présentait l'énigmatique passage en «zone libre» d'une célibataire en principe banale, portée au rang d'héroïne par son voisin. Le voisin enquêtait, l'auteur semait des signes, des mystères, qui trouvent aujourd'hui leur explication dans la Durée d'une vie sans toi. Auparavant, la disparue, dans les Cendres de mon avenir (Stock), allait à la rencontre du danger, de son double futur, d'elle-même.

Avertissons l'enfant que nous avons été, la vie est un piège. Les résignés se laissent enterrer, par exemple à Sauveterre, le village natal de Solange Brillat et de Marin Sérianne, qui se retrouvent là, une fin de décembre et de siècle. Les consentants se laissent abattre, par exemple Catherine, mère de Solange, et grand amour de jeunesse de Sérianne. «Je ne mesure pas la durée d'une vie sans toi», a dit Marin Sérianne, le jour où les amants ont constaté leur échec. Sauveterre est déserté de ses habitants, pour cause de déminage. Sérianne a organisé son départ, puis il est revenu clandestinement. Qui n'a pas rêvé de revenir à loisir dans ses anciens logis ?

Sérianne et Solange Brillat sont des rebelles. Elle, à présent, on la connaît : «Elle avait passé la frontière la mieux gardée qui soit, entre la vie quotidienne et les te