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Monde idéalisation

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De la nécessité d'une action politique pour corriger les données du capitalisme.
publié le 30 octobre 2003 à 1h36

Suzanne Berger, spécialiste américaine bien connue de sciences politiques, s'attaque à la mondialisation par un biais original : elle compare la «première mondialisation» des années 1870-1914, par certains aspects aussi marquée que celle d'aujourd'hui, à la situation contemporaine. Son objectif est de montrer que, face à l'évolution peu contrôlable de l'économie capitaliste, seule une action politique peut être efficace. «Le vrai défi de la mondialisation, c'est au fond celui-là même que les démocraties ont dû relever tout au long de l'histoire de leur coexistence conflictuelle avec le capitalisme. Dès lors, le principal problème est politique.» La comparaison avec la première mondialisation est éclairante car, souligne-t-elle, à la différence de la gauche européenne et américaine d'aujourd'hui ­ en majorité hostile à la mondialisation ­, la gauche de cette époque approuvait en général l'ouverture des frontières aux capitaux, aux marchandises et au travail car elle y voyait «un puissant ressort de solidarité internationale» et un moyen d'augmenter le niveau de vie des ouvriers. Internationaliste, elle rejetait le protectionnisme pour sa dimension nationaliste, voire réactionnaire.

La conscience était pourtant forte des menaces que faisait peser l'immigration sur les emplois et les salaires mais, en France en particulier (à la différence des Etats-Unis ou de l'Australie), syndicats et socialistes voyaient dans toute restriction à l'arrivée de main-d'oeuvre une trahison de la s