Quelle idée, aussi, de vouloir enquêter sur les chrétiens de Palestine... Quelle lubie, même, de s'y intéresser... Horresco referens, quel péché originel d'avoir lu Péroncel-Hugoz (le Radeau de Mahomet, Une croix sur le Liban, entre autres) ou Valognes (la Vie et la mort des chrétiens d'Orient)... Pis, quelle maladresse de l'avouer à ses interlocuteurs... Pour avoir été le témoin occasionnel des pérégrinations étonnées, un rien désabusées, de Jean Rolin, cet hiver, dans les parages proche-orientaux, il faut dire d'emblée : cette enquête offre, à partir de l'évanescente matière qu'ont bien voulu lui ménager ses vis-à-vis, un tableau lumineux de l'impossible condition de la minorité chrétienne locale.
Ce n'est pas faute de refus certes polis, parfois agacés des autorités ecclésiastiques que d'aborder le sujet. Les déclarations lénifiantes, voire militantes, sur la «coexistence islamo-chrétienne», sur le «dialogue islamo-chrétien le plus sérieux, le plus profond», et sur la mobilisation pour la cause palestinienne, bref, toute «une magnanimité sacrificielle» n'ont fait qu'aiguiser la curiosité têtue, la jubilation froide et faussement flegmatique de Jean Rolin, qui se confirme ici en reporter sagace et incrédule. Il y a un ton Rolin, une patte Rolin inimitables (1).
Nanti donc d'«une prédilection pour les chrétiens» qui le fait apparaître «comme un peu louche», l'auteur a traîné ses guêtres à Jérusalem, Bethléem, Gaza, et autres lieux. Sa qualité exclusive d'écrivain éveille