Les questions n’ont de sens que par la valeur de la réponse qu’elles suscitent. Celle de Jacques Le Goff interrogeant la naissance de l’Europe est souveraine, car personne, parmi les historiens vivants, ne domine autant que lui son domaine. En fait, ne se voulant ni un livre d’érudition, ni une histoire en continu, mais prêt à mille détours ou à sauter quelques étapes pour garder le cap, L’Europe est-elle née au Moyen Age ? est un essai important (1). Aux yeux de son auteur d’abord, dont l’Europe son présent et son destin, donc son origine et sa formation est le fil conducteur implicite de tout le cheminement historique, bien qu’il ne lui ait consacré aucune monographie jusqu’aujourd’hui (et quoiqu’il dirige au Seuil la prestigieuse collection «Faire l’Europe» Ñ dont le titre est tout un programme). Les lecteurs aussi y trouveront leur miel, si peu académique est l’écriture de cet héritier de l’Ecole des Annales, qui n’a cessé de presser l’histoire médiévale, afin qu’elle dévoile tout ce qu’elle contient de notre présent. Et c’est beaucoup car, de tous les héritages captés par l’Europe, celui du Moyen Age reste le plus fécond. Aussi cette histoire se déroule-t-elle sur la longue durée en mettant en perspective «les mots, les idées, l’imaginaire, qui, autant que les structures matérielles, forment la base du sentiment européen».
Si le nom d'Europe est ancien voulant dire simplement le couchant, les Grecs nous l'ont transmis en l'empruntant aux Phéniciens , le commenceme