En mai 1854, au terme d'un long débat, fut votée la loi dite de «transportation», qui déplaçait vers l'outre-mer les bagnes jusque-là établis à Toulon, Brest et Rochefort. Trente ans plus tard, la IIIe République compléta la mesure en décidant la relégation des délinquants multirécidivistes. La France se purgeait ainsi de ses indésirables, tout en croyant oeuvrer à l'aventure coloniale, privée d'esclaves depuis 1848. Deux livres reviennent sur ces pages sombres de notre histoire. Le premier offre la première étude d'envergure sur les bagnes de «la Nouvelle» (Calédonie), où plus de 30 000 transportés et relégués furent dirigés de 1861 à 1931, date de leur désaffection. L'analyse des pratiques disciplinaires y croise une approche plus sociologique, fondée sur l'étude minutieuse des 264 forçats embarqués sur l'Iphigénie (le premier convoi à atteindre Nouméa en 1864), ainsi que sur le destin tragique des «libérés», que la loi assignait à résidence sur l'île. Le second livre retrace l'histoire mieux connue des bagnes de Guyane, mais que des sources inédites (notamment la correspondance des jésuites, aumôniers exclusifs de la transportation) et une riche iconographie viennent ici renouveler. Il détaille surtout le difficile combat mené par tous ceux (journalistes, médecins, ex-détenus, militants de l'Armée du Salut) que le bagne indignait, jusqu'à ce que Gaston Monnerville n'obtienne enfin sa suppression en mai 1946. A cette date, il restait encore en Guyane 817 forçats et 622 rel
Critique
Condamnés aux travaux forcés.
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par Dominique Kalifa
publié le 13 novembre 2003 à 1h52
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