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Libération
Critique

Jésus, juif fervent.

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Pour David Flusser, le Christ était à l'origine un juif qui s'adressait à eux seuls.
publié le 20 novembre 2003 à 1h58

La frilosité des juifs à l'égard du christianisme a été rompue, depuis quelques décennies, par deux savants israéliens. Le premier, Joseph Klausner, s'est illustré grâce à son Jésus le chrétien (1922, traduit en français en 1933). Son disciple, David Flusser (décédé en 2000), a produit un Jésus (Seuil, 1970) non moins mémorable (sa version définitive devrait être éditée par les Editions de l'Eclat en 2004).

Longtemps, en effet, les juifs ont regardé la nouvelle religion issue d'eux avec suspicion, sinon antipathie : le lourd contentieux séculaire ne favorisait pas une attitude sereine à l'égard de ceux qui prétendaient incarner le «Verus Israël», la «nouvelle alliance» contre le peuple «abandonné de Dieu». Désormais, après la Shoah, la naissance de l'Etat d'Israël, Vatican II, la querelle théologique s'est apaisée. Cependant, ici, David Flusser se veut avant tout historien, loin d'une «rêverie sur un âge d'or mythique qui n'a pas eu lieu, ni d'une nostalgie oecuménique», comme le note le préfacier, Guy Petitdemange.

«Jésus était un juif qui ne s'adressait qu'aux seuls juifs», écrit David Flusser. Cette évidence a mis des siècles pour s'inscrire dans la conscience chrétienne... et juive. Dans ce court essai, Flusser se fait pédagogue (ce texte fut communiqué, au départ, dans le cadre de l'«université radiodiffusée» de la radio militaire israélienne) afin de présenter à un public peu familier un Jésus inscrit, toute sa vie, dans la trame de la tradition et des querelles juives d