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Libération

Pa Kin, 100 ans

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publié le 20 novembre 2003 à 1h58

à Pékin

Triste centenaire. Pa Kin (ou Ba Jin selon l'orthographe en vigueur en Chine), l'un des grands écrivains chinois du XX° siècle, célèbre ses 100 ans, encensé par le pouvoir au prix de quelques contorsions. En fait, il est né le 25 novembre 1904, ce qui lui fait 99 ans, mais la tradition chinoise attribue déjà un an au nouveau-né. Pa Kin n'est pas en état de recueillir les hommages pressants qui lui sont rendus, étant hospitalisé à Shanghai depuis 1998, et, semble-t-il, largement inconscient. Le Premier ministre chinois lui a néanmoins rendu visite. Réédition de ses livres, nouvelle biographie, exposition au musée de la Littérature, longs portraits dans la presse... Ce centenaire est célébré par un régime qui ne lui a guère permis de s'épanouir. Le jeune écrivain anarchiste (son nom de plume vient de la contraction des noms de Bakounine et Kropotkine) a produit l'essentiel de son oeuvre (dont la trilogie Famille, Printemps, Automne) avant la fondation de la République populaire en 1949, notamment lors de son séjour en France en 1927-28. Le pouvoir communiste l'a contraint à expurger ses écrits de leurs références anarchistes avant de les rééditer. Pa Kin a ensuite été persécuté pendant la révolution culturelle (1966-1976). Il y a survécu, contrairement à Lao She, «suicidé», et à sa femme, morte d'un cancer non décelé au milieu du chaos révolutionnaire. Depuis, Pa Kin n'a plus écrit que quelques essais. L'hommage officiel qui lui est rendu n'est pas dénué d'arrière-pensé