En Israël, depuis la publication d'Infiltration en 1986, Yehoshua Kenaz est considéré comme un écrivain majeur, aussi connu qu'Avraham B. Yehoshua ou Amos Oz. En France, où il séjourne pourtant souvent (il est traducteur de Simenon, Flaubert, Modiano...), ses deux premiers romans traduits, Vers les chats (Gallimard, 1994) et Moment musical (Actes Sud, 1995), sont passés presque inaperçus. Mais deux livres sont publiés simultanément aujourd'hui. Paysage aux trois arbres (publié en 2000 en hébreu) est composé de deux textes : une novella, «On brûle les placards d'électricité», et une nouvelle : «Paysage aux trois arbres». «On brûle...» observe dans un immeuble de Tel Aviv un échantillon de la société israélienne aux prises à une paranoïa post-guerre du Golfe. Dans «Paysage...», qui se passe en 1944, c'est encore de personnages provisoirement ou définitivement à côté d'eux-mêmes qu'il est question : le soldat anglais dont on ne saura jamais s'il est du côté de la perversion ou de la faiblesse fait penser à la jeune femme agressée d'«On brûle..» dont la réalité de la persécution reste indécidable. Leurs destins pathétiques provoquent le même mélange de compassion et d'exaspération que celui de Ben Hamo, le Marocain d'Infiltration qui entonne la Marseillaise dans l'espoir que son prestige rejaillira sur lui mais, bien sûr, quoi qu'il fasse, il a perdu d'avance. Si Infiltration est devenu un classique dans son pays, c'est d'abord qu'il raconte une expérience connue de tout citoyen
Interview
Yehoshua Kenaz, telle est la vie à Tel-Aviv
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publié le 20 novembre 2003 à 1h58
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