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Critique

Hitoshi aussi a commencé petit

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Ecrivain et dessinateur, Hitoshi Sawano travaille en miniature puis agrandit sur ordinateur et joue à détruire ce qui est pour reconstruire ce qui lui plaît.
publié le 27 novembre 2003 à 2h04

Hitoshi Sawano dessine d'abord en tout petit, des traits noirs, c'est tout, puis il agrandit ses dessins à l'ordinateur avant de les colorer, à l'aquarelle ou au lavis, c'est léger. La couleur irrégulièrement appliquée, une touche ici et là, déborde parfois comme sur les coloriages d'enfants. Elle est posée, presque au hasard, sur fond très blanc. La technique est empruntée à la lithographie mais aussi à la maison d'édition indépendante (pour les auteurs du cru contre le typhon anglo-saxon des années 70) où l'auteur a travaillé pendant quinze ans. Le résultat n'est pas parfait, un peu maladroit et, du coup, très vivant.

La cinquantaine riante et une tête d'Inuit, l'écrivain-dessinateur affirme qu'en plus d'esprits brillants, la société a besoin, pour son bon équilibre, de cancres, d'oisifs, de gens qui s'amusent. Une revendication qui, dans le contexte nippon que l'on sait, vaut sans doute comme gilet personnel de survie. Il se range volontiers dans la deuxième catégorie, au contraire de ses frères et soeurs, parfaits élèves devenus universitaires respectés.

La position assumée ne le fut pourtant pas d'emblée. Le cancre qu'il était en vient à ne presque plus s'exprimer et passe son temps à dessiner, «je n'ose même pas imaginer où j'en serais si je n'avais pas pu», dit-il en riant, les yeux rivés au plafond comme pour remercier l'aide éventuellement reçue.

Heureusement, les parents laissent faire l'enfant artiste limite autiste, «il y avait toujours du papier, des boîtes et tout