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Libération
Critique

Les fruits des fondus.

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Deux best-sellers au banc d'essai et quelques conseils pour parents soucieux.
publié le 27 novembre 2003 à 2h04

Yû-gi

Kazuki Takahashi, Yû-gi-oh !

Dargaud, «Kana», 26 tomes parus.

Yû-gi-oh ! fait peur. On tape le mot fatal dans un moteur de recherche Internet et on se retrouve avec autant de sites que de putes felliniennes agitant la langue, chacun s'intitulant le plus sûr, le plus complet et le plus officiel à propos de ce manga qui est aussi un anime, un jeu de cartes pour cours de récré et cinquante douze jeux vidéo, dans la lignée de Pokemon. On ouvre un volume de la BD et on se retrouve tel un lulliste à l'ouverture de Zaïs, perdu dans le chaos d'une intrigue au jargon abstrus où les personnages s'envoient des cartes à jouer à la gueule dans des déchaînements d'éclairs et de «zdoodoom», «vlaf» et autres «grooo», garnis des mêmes onomatopées en idéogrammes japonais, c'est-à-dire en plus joli. Au départ, rien que de très banal : un impubère défendu par un garçon plus fort que lui contre les misères du lycée découvre un talisman qui dédouble sa personnalité et lui permet de détruire les vilains de tous ordres. Plus tard, le manga se concentre en une série de batailles de cartes, tandis que le graphisme se fait de plus en plus abstrait, explosant le cadre des vignettes. L'erreur serait de croire que les lecteurs prennent Yû-gi-oh ! pour un récit psychologique. Il y aurait alors de quoi s'inquiéter, puisque, dans les premiers épisodes, c'est avec une absence totale de morale que Yû-gi se venge d'un tueur en le rendant fou tandis qu'il assassine un simple macho importun. La raison en est