Avant d'engager la partie, rappelons à tous ceux qui font un blocage que : 1) la plupart des mangas traduits se lisent à l'envers, dans le sens japonais, sinon faut pas s'étonner d'être à la ramasse; et 2) «manga», ça ne veut rien dire. Ou plutôt, le mot désigne en japonais toute bande dessinée. On dira donc «le» ou «la» manga comme genre et «un» manga pour l'objet livre. Cependant, ne tartuffons pas outre mesure, l'usage standard du mot «manga» renvoie à quelques sous-genres bien particuliers, récits de science-fiction, de guerre ou bluettes à l'eau de rose, qui vont de pair avec la consommation des séries télé («anime») et jeux vidéo afférents, comme par exemple dans la phrase: «Mon fils ne lit que des mangas, je suis désespéré.»
Dans l'acception (péjorative) la plus répandue, il y a, pour résumer vite et mal, deux grandes attitudes face à ces livres. La première, qu'on trouve chez beaucoup de parents et autres béotiens, est une resucée aisément repérable du péril jaune. On accuse les mangas d'être trop nombreux, tous pareils, violents, pornographiques ou dénués de psychologie, pour cause de robots. La seconde, typiquement petite-bourgeoise comme aurait dit Bourdieu, consiste à réhabiliter de force les mangas sous le prétexte que la culture «légitime» les refoule à ses marges. Par exemple, on peut s'entraîner à trouver du biopolitique dans Capitaine Flam et le sex-appeal de l'inorganique chez Gon le bébé tyrannosaure. Mais tout ça ne nous dit pas de quoi il retourne dans ce