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Au Goncourt des oubliettes

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Que sont les lauréats devenus ? Pour clore les festivités du centenaire, enquête sur Francis de Miomandre, l'homme au caméléon, Goncourt 1908 avec «Ecrit sur de l'eau..»
publié le 4 décembre 2003 à 2h11

Le prix Goncourt fête son siècle. Une exposition sur les deux frères créateurs débute à la Bibliothèque nationale (1). Un livre sous la direction de Dominique-Antoine Grisoni, Goncourt, cent ans de littérature (2), présente les lauréats, de John-Antoine Nau (1903) à Pascal Quignard (2002), et quelques échantillons de presse les concernant. Le Goncourt, c'est la tarte à l'encre ; l'arrière-goût est amer : le temps passe et on ne parle plus des lauréats fanés, sans postérité, ceux dont les livres ne sont plus disponibles. Parmi eux, le Goncourt 1908: Francis de Miomandre. Il fut connu, aimé comme un tout petit maître. Il eut une importance justifiée dans la vie littéraire française. Raconter sa vie, c'est rendre hommage au Goncourt en visitant, flambeau en main, l'une de ses profondes oubliettes.

Le 3 décembre 1908, le sixième prix Goncourt est attribué à Francis de Miomandre, 28 ans, pour une fantaisie romanesque intitulée Ecrit sur de l'eau... C'est l'histoire d'un jeune homme, Jacques de Meillan, lévitant comme une boule de neige et de cristal entre un bal, des cafés, quelques livres et une illusion perdue. On y voit flotter Paris, de beaux costumes, une mélancolie inavouée, de l'excentricité douce, et toutes les petites choses émerveillées du quotidien... du Delerm Belle Epoque.

Dans le jury attablé, on trouve Léon Daudet, Jules Renard, mais aussi Paul Margueritte, Rosny aîné, Rosny jeune, Elemir Bourges et quelques autres oubliés. Octave Mirbeau vote par correspondance. Cha