La belle Lili a 23 ans, elle vit dans une jolie maison avec Samuel, qui l'a tirée d'une autre maison, de correction celle-ci, lorsqu'elle était adolescente. Lili à 14 ans a été sombre, passé chargé, mauvaises rencontres. Mais c'est le passé ; aujourd'hui son Samuel «aux yeux de fourrure» est là qui la rassure, avec ses «phrases à pantoufles», et son sourire doux, et ses bonjours surprenants le matin, comme s'ils ne s'étaient vus depuis des jours, et ses au revoir en guise de bonne nuit, tout pareils. Il est gentil, formidable, lui raconte ses rêves entre chaque trempette de biscotte le matin à l'heure du café. Il ne sait pas que ses rêves ennuient Lili, obscure Lili.
Un soir, Lili n'entend plus rien, le zoo d'en face, ses bruits, un silence sauvage à la place. «Je les entendais normalement, je participais à leurs commerces nocturnes et là, plus rien, rien d'autre qu'une nuit d'été, rien d'autre que le bruit réflexe du monde.» Elle sort voir, et voit les animaux, défilé poils plumes dans la rue, silencieux. «Ils se taisent pour n'alerter personne, ils se sauvent, les animaux se sauvent.» Quelque chose change. C'est l'adolescence vaseuse de Lili qui remonte brusquement sous les traits de Yoïm, son premier amant, de loin son aîné, un homme, énorme, tatoué, crâne rasé. A la petite vie jolie, à Samuel, «se superpose alors, dangereux comme du désir, comme une image porno dans un dessin animé, se superpose Yoïm». Celui par qui tout est arrivé alors qu'elle n'avait que 14 ans, sexe,