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Libération
Critique

Foucault, ses fous

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Les cours du Collège de France sur «le Pouvoir psychiatrique» qui constituent une suite à «l'Histoire de la folie».
publié le 4 décembre 2003 à 2h11

Au Collège de France, le professeur n'a pas d'étudiants, mais des auditeurs ­ comme à indiquer qu'à un cours chercheurs, enseignants, honnêtes hommes, élèves et curieux, dont beaucoup d'étrangers, accourent pour être saisis, bouleversés, irrités, transportés, émerveillés par le flux d'une voix. Celle, forte, modulée, de Michel Foucault ­ il donnait leçon chaque mercredi, de début janvier à fin mars ­ était relayée par des haut-parleurs. Lorsqu'elle s'arrêtait, nulle question ne fusait de l'auditoire. il y avait un brouhaha, et la cohue. Tout le monde se précipitait vers son bureau, non pas pour lui parler, mais pour arrêter les magnétophones.

C'est le 7 novembre 1973 que se tient le premier des cours consacrés au Pouvoir psychiatrique, qui vient d'être publié, après les Anormaux (1974-1975), Il faut défendre la société (1975-1976) et l'Herméneutique du sujet (1981-1982). Ce jour-là, l'Egypte et les Etats-Unis rétablissent les relations diplomatiques. La «guerre du Kippour» avait été déclarée depuis un mois. Au Chili, par un coup d'Etat militaire, la junte d'Augusto Pinochet avait pris le pouvoir. Les ouvriers de Lip continuaient leur lutte. Le régime des colonels venait tout juste d'être renversé à Athènes. En France, tout le secteur de la santé mentale est agité par la contestation des «psychiatrisés en lutte». En cet hiver 1973, paraissent des brochures intitulées Psychiatrie : la peur change de camp ou Psychiatrie et Lutte de classe, laquelle se propose de favoriser la «pr