Menu
Libération
Critique

Hériter de Bourdieu.

Article réservé aux abonnés
Un ouvrage collectif qui dit la façon dont les outils bourdieusiens ont modelé les champs des sciences humaines.
publié le 4 décembre 2003 à 2h11

De ce que Pierre Bourdieu a semé, on n'est pas près d'achever la récolte. Colloques, livres, thèses, revues et articles rendront et rendent déjà raison de sa fécondité. «Le 16 novembre 2002, à Paris, dans l'amphithéâtre bondé de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, au 105 boulevard Raspail, un ensemble de chercheurs ont pris la parole devant un public composite et attentif, pour évoquer les traces vives laissées par l'un des leurs (...) Plusieurs générations voisinaient (...), construisant une chaîne générationnelle autour d'un héritage intellectuel commun.» De cette journée mémorable est issu Travailler avec Bourdieu. Composé de trente contributions de sociologues, anthropologues, historiens, linguistes, économistes qui ont tous eu une expérience de travail avec Bourdieu ou dont l'oeuvre a été «travaillée» par celle de Bourdieu, le recueil, dont la fonction principale est évidemment de montrer la pertinence des outils conceptuels forgés par Bourdieu (1), atteste aussi de façon exemplaire la pratique de l'interdisciplinarité chère à l'EHESS, et, en raison du «nom» des intervenants (Pierre Vidal-Naquet, Lucien Bianco, Emmanuel Terray, Luc Boltanski, Roger Chartier, Patrick Fridenson ou Jacques Revel...), dévoile tout un fragment de l'univers de recherche en sciences sociales et historiques.

L'ouvrage s'ouvre par un long article de Jean-Claude Passeron, «Mort d'un ami, disparition d'un chercheur». Avec une sincérité absolue, le coauteur des Héritiers, par le souvenir