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Libération
Critique

McGahern, l'homme tranquille.

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Le bonheur, le rythme des saisons, les simples et les pervers. Rencontre avec John McGahern.
publié le 4 décembre 2003 à 2h11

Dans son sixième roman en quarante ans de carrière, John McGahern, 68 ans, suit une année dans la vie d'un village anonyme du comté de Leitrim, dans le nord-ouest de l'Irlande. Quelques maisons disséminées au bord d'un lac, une petite ville avec son pub et les conversations de voisinage entre deux couples. C'est un endroit qui vit au rythme des foins coupés, du vêlage des vaches, de la récolte du miel, des emplettes du marché et de la visite du fils qui vit à Dublin. Dans leur quotidien percent les drames personnels et universels. Un monde clos, avec des personnages fragiles et attachants, décrits d'une prose simple et dense. Rencontre avec John McGahern, qui aime rire autant qu'écrire.

Pourquoi ce titre ?

C'est une très vieille pratique d'enterrement païenne en Irlande. Quand quelqu'un meurt, il est enterré à l'est, pour que le dernier jour il soit face au soleil levant. Il y a un très vieux poème gaélique qui dit : «Bury me at Ros na ri and set me down that I may face the rising sun.» («Enterre-moi à Ros na ri et dépose-moi face au soleil levant»), Ros na ri étant l'endroit en Irlande où étaient inhumés les rois. Au XIXe siècle, des prêtres ont tenté de modifier cette pratique, et de faire enterrer les morts face à l'église. Mais les gens ont pensé que le soleil était plus important que l'église. J'ai peut-être choisi ce titre pour que tous les personnages du livre puissent avoir une résurrection temporaire dans l'esprit des lecteurs. Qu'ils soient face au soleil leva