Dans la première édition de ce livre, en 1981, Frances Tustin, spécialiste mondialement connue de la psychose infantile, présentait des arguments convaincants, bien que controversés, en faveur de l'existence de formes psychogènes de l'autisme dont elle préconisait le traitement au moyen de méthodes psychothérapeutiques. Depuis, l'auteur a été amenée à réviser et à préciser sa façon d'appréhender l'étiologie de l'autisme psychogène. Elle distingue ainsi l'autisme organique possiblement lié à des lésions cérébrales, de l'autisme psychogène, réaction à une situation traumatisante semblant menacer la vie même de l'enfant.
Dans une langue limpide et précise, Tustin explique que les enfants autistiques ne sont pas nés au sens plein du terme ils ont toujours la sensation de faire partie du corps de leur mère ; exister, «être», semble comporter pour eux mille et un dangers. Le lecteur ne pourra pas ne pas être fasciné par la description vue de l'intérieur (car l'auteur s'efforce de parler du point de vue de l'enfant «afin de pouvoir entrer dans sa peau, de sentir ce que cela fait que d'être dans un état psychotique») du monde terrifiant de ces enfants qui écrivent avec la main des autres, s'entourent d'objets durs et métalliques, livrés qu'ils sont sans cesse à l'angoisse du trou noir et de la séparation. On comprendra, en lisant les études cliniques présentées, la relation psychothérapeutique que Tustin a pu nouer avec certains de ces jeunes autistes «à carapace», enfants curables