Fauteuils cosy, atmosphère feutrée, la London Review of Books a ouvert récemment sa librairie au coeur de Bloomsbury le quartier historique du Londres littéraire. Un acte presque héroïque dans le contexte actuel : les librairies indépendantes ferment les unes après les autres, incapables de rivaliser avec les grosses chaînes. Andrew Stilwell, le manager du lieu, se définit comme l'ennemi juré de ces magasins, avec leurs best-sellers édulcorés, étiquetés et vendus par package «deux pour le prix de trois» (recettes de cuisine, biographie de stars ou encore l'inévitable Harry Potter au rayon littérature). «Je veux bien être pendu si vous trouvez ici un livre avec bandeau publicitaire.» La raison d'exister de la London Review Bookshop réside au contraire dans une sélection minutieuse de livres rares. A l'image de l'éditeur-libraire radical City Lights de San Francisco, la London Review Bookshop a surtout l'indispensable soutien de la revue mère. Bimensuel au cachet sobre (noir et blanc, sans illustrations), la London Review of Books a vu le jour en 1979. Comme sa grande soeur la New York Review of Books, elle nage à contre-courant des modes, publiant de longs essais (dans un pays qui se méfie de l'intellectualisme), faisant appel à des plumes non anglaises, Susan Sontag, Slavoj Zizek, Tariq Ali ou encore feu Edward Saïd. Pour son éditrice, Mary Kay-Wilmers, «il s'agit de présenter des livres de telle manière qu'ils ouvrent sur un débat d'idées». D'où l'extension logique de ces
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