Menu
Libération
Interview

Ma flamme est une sorcière

Article réservé aux abonnés
Rencontre avec l’Américain James Morrow, qui a fait d’Isaac Newton le héros insensible et narcissique d’une sulfureuse histoire de sorcellerie.
publié le 18 décembre 2003 à 2h23

Depuis 1981, l’Américain James Morrow construit une œuvre de science-fiction iconoclaste. Lui-même se définit comme un satiriste, référence directe à Voltaire. Rien d’étonnant à ce que son dernier roman se situe à l’aube des Lumières. Son héroïne, Jennet Stearne, naît en 1676 et se trouve être la fille du célèbre piqueur de Colchester, dont la tâche est de démasquer les suppôts de Satan. C’est aussi la nièce de lady Isobel Mowbray, érudite et admiratrice d’Isaac Newton. Quand sa tante est arrêtée pour sorcellerie, Jennet va quérir le scientifique à Cambridge pour le convaincre de témoigner au procès. Après la mort de lady Mowbray sur le bûcher, son existence sera ensuite une lutte sans merci pour parvenir à abolir la loi britannique contre la sorcellerie.

Pourquoi avoir choisi la «Philosophiae naturalis principia mathematica» d’Isaac Newton comme colonne vertébrale de votre roman ?

Cette œuvre maîtresse de Newton, véritable célébration de la science, est parue en 1687. A la même époque, beaucoup de gens croyaient encore que les démons et les anges déchus étaient responsables de catastrophes que nous appelons aujourd’hui «naturelles», comme les pestes, les inondations ou les mauvaises récoltes. A cette époque, on torturait, brûlait, pendait pour sorcellerie. Les procès des sorcières de Salem ne se sont pas déroulés avant 1692, et elles ont été pourchassées en Europe tout au long du XVIIIe siècle. Je me suis rendu compte que l’avènement de la science expérimentale était c