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Critique

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Une «Foire aux atrocités» réactualisée, et préfacée par William Burroughs.
publié le 18 décembre 2003 à 2h23

La Foire aux atrocités paraît en 1969. J. G. Ballard n’a pas encore écrit les livres qui le rendront célèbres comme Crash (1973) ou l’Empire du soleil (1984). Il collabore depuis plus d’une dizaine d’années à New Worlds, la revue dirigée par Michael Moorcock. Cette revue se veut un lieu d’expérimentations littéraires, émancipées de la science-fiction traditionnelle à l’américaine, plus en prise avec la réalité sociale. New Worlds est le véritable laboratoire d’une nouvelle vague britannique. Certaines des publications de Ballard seront ensuite reprises dans la Foire.

Moins écrivain de science-fiction finalement que surréaliste (Max Ernst et Marcel Duchamp traversent le livre), Ballard teste de nouvelles formes d’écriture, le cut-up dans la lignée de Williams Burroughs, l’écriture automatique de Raymond Roussel. Il a trouvé un mode idoine pour pousser au maximum les dangereuses tendances qu’il repère dans les villes occidentales. La Foire, à la structure narrative déroutante, contient aussi ses œuvres à venir. On y trouve l’ébauche de Crash, rencontre perverse de deux obsessions de notre civilisation : le sexe et l’automobile.

«Au lieu de commencer chaque chapitre par son début, comme dans tout roman traditionnel, contentez-vous d’en tourner les pages jusqu’à ce qu’un paragraphe retienne votre attention», signale J. G. Ballard dans son introduction de 2001. Il vaut mieux l’écouter. Inutile d’essayer de se raccrocher à une sécurisante linéarité