Après les aventures d'un routier qui avait fondé une République sur une aire de repos de l'A6 (la République de Mek-Ouyes), Jacques Jouet rapporte ici l'odyssée d'un chauffeur de car sur la nationale 7 ; à croire qu'il prépare le Mondial littéraire des poids lourds, utilitaires et transports en commun. On sait sa passion pour les expérimentations. L'écrivain a l'âme voyageuse et cortazarienne. Il a traversé la France en n'utilisant que des autocars, découvrant que les perceptions de l'espace et du temps n'y sont plus les mêmes et que les compagnons de voyages sont prétexte à autant d'histoires potentielles. En a-t-il rapporté ce roman ? Il ne le dit pas, reste que l'autocar est un moderne avatar des omnibus, coucous et diligences, et Jouet s'en sert ici pour cadrer un roman installé dans la tradition narrative de la route.
Basile, le chauffeur de Mon bel autocar, n'est pas loin de la retraite et son parcours a toujours été exemplaire. Sérieux, ponctuel, prudent, il est un héros de notre temps, c'est-à-dire de la prévention routière. Sa vie est aussi réglée que le trajet qu'il suit quotidiennement depuis vingt-cinq ans entre Châtillon et Villefranche, au volant de sa machine bleu lavande. C'est l'histoire de cet homme apparemment sans histoire que raconte Mon bel autocar. Assis derrière lui, il y a sa femme Odile, qui lui fait un brin de conduite, Hans, un jeune Allemand un peu ogre qui affirme transporter dans son sac à dos un cadavre et les péchés du monde, sans oublier l'in