«L'oeuvre d'un homme doit être assez forte pour qu'on puisse lever le rideau sur ses coulisses», dit Jean Cocteau à André Fraigneau en 1951. Depuis toujours, planent dans les cintres d'un théâtre qui ressemble parfois beaucoup à la salle du Grand-Guignol dont il était fan, les monstres et les fantômes d'une littérature qu'il dévore. Les fascicules populaires ont charmé son enfance, les images de leurs couvertures bariolées encombrant son esprit enfiévré qui récapitulera plus tard : «Monsieur Lecoq, le Crime d'Orcival, Rocambole, Fantômas forment les assises de cet édifice inextricable. J'en connais les moindres détours. Ensuite, c'est Baker Street où Sherlock Holmes taquine le Dr Watson comme Goethe Eckermann, la douloureuse clairvoyance du Père Brown, la vulgarité charmante d'Arsène Lupin, la plainte de Rouletabille, des volumes et des volumes qui me rappellent les chambres où j'ai souffert, où je supportais de souffrir à cause d'oeuvres qu'on aime oublier pour les relire et revivre les rougeoles, les scarlatines et les entorses d'une enfance merveilleuse.» Dans d'autres chambres, celles d'hôtels à matelots de Toulon ou des cliniques de la région parisienne où échouera le junkie, renaîtra le désir lancinant d'une prose voyou dont Cocteau se délecte sans relâche. En 1928, une nouvelle série policière offre à ses lecteurs, au dos des volumes, cette stupéfiante publicité : «Le Masque m'oblige à vous dire que, sans vos livres, une désintoxication serait l'enfer. Avec leur compa
Inspecteur Cocteau
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par François RIVIERE
publié le 26 décembre 2003 à 2h28
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